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« Moi, je suis de ce sexe-là, 

celui qui doit se taire, qu’on fait taire. »

Virginie Despentes

Au cœur, la relation joyeuse d’une mère et sa fille.

Partout, le son de la guerre civile.

Soudain, l’horreur.

Puis le combat contre le monde et contre soi.

Le va-et-vient traumatique entre passé et présent.

Un va-et-vient qui se danse et se chante.

La poésie se déploie et surpris.e.s, on survit. 

 

© Damien Salama

ELLE parle de violences politiques, de traumatismes individuels et collectifs et de la place des femmes dans les conflits armés contemporains. 

À huis clos, deux interprètes et un musicien donnent vie et voix à celles et ceux que l’histoire voudrait oublier et archiver. Créé à partir de témoignages de victimes de la guerre civile colombienne, le spectacle propose un va-et-vient poétique entre passé et présent. Là, le traumatisme se tisse, se joue et se dépasse par la puissance du jeu théâtral, de la musique et de la danse. On aperçoit l’intimité joyeuse d’une relation mère-fille, l’horreur des violences de guerre et la possibilité de toujours célébrer la vie.

 

Le public - en frontal pour la salle et en tri-frontal serré autour du plateau pour la rue - devient le témoin de ce qui se joue à l’intérieur de cette maison. La radio tourne en boucle. Il fait très chaud. Pieds nus sur la terre, une mère oscille entre temps présent et souvenirs de moments de vie avec sa fille.

 

ELLE est un spectacle de théâtre physique, où son, musique live et danse s’insèrent là où les mots, imprononçables, s’abandonnent pour un geste ou un moment de silence profond.

 

Création 2021

 

Création Collective

À partir de 14 ans

Durée estimée 50 minutes

 

Conception et Mise en Scène : Juanita Boada Salazar

Crée et écrit avec les comédiennes Chiara Bucher et Olga Amelia Silkina et le musicien Interprète  Ivan Quintero

Comédien voix off : Stéphane de Oliveira

Conseillère Chorégraphique : Déborah Moreau

Conseiller.e dramaturgique : Estel Baudou

Scénographie : Juanita Boada Salazar

Création Lumière : Cyril Gougaud

Création Sonore : Emanuele Pontecorvo 

Régie son : Colas Peylet

Musique : Ivan Quintero et Juanita Boada Salazar

 

note d'intention

Grandir dans un pays où la guerre civile fait partie du quotidien a certainement conditionné mon regard sur la violence. Étant à la fois très proche et très loin de cette réalité, je me suis vite habituée aux chiffres, aux massacres relayés par les infos, aux actes violents hebdomadaires… 

 

C’est en lisant le témoignage de Pastora Mira que, d’un coup, tous ces chiffres ont eu un nom, un visage, une histoire et j’ai réalisé que le conflit armé était beaucoup plus complexe que ce que je croyais auparavant. C’est grâce à la résilience et à la force de Pastora que je me suis sentie moi aussi combattante et que j’ai décidé de mener ma propre guerre. Une guerre contre l’oubli, contre l’impunité, contre le silence. Une guerre sur le plateau. 

 

J’ai voulu explorer, avec trois interprètes et un musicien, une façon de raconter l’histoire de ces personnes qui ont été oubliées, abandonnées et classifiées dans des archives après avoir été transformées en chiffres. L’histoire de ces victimes qui sont obligées de vivre avec d’effroyables souvenirs. Et surtout, de ces femmes qui ont subi des abus de pouvoir mais qui résistent avec leur dignité, et qui, malgré leurs histoires, font preuve d’une grande force. 

 

Enfin, j’ai surtout voulu donner une voix à celles et ceux qui n’en ont pas. 

 

ELLE est une invitation à raconter l’histoire, notre histoire, autrement.
 

Juanita Boada Salazar

À propos de la création

Le conflit armé colombien a été notre point de départ, nous avons voulu raconter le drame de vivre dans une situation d’alerte constante. Néanmoins, nous avons choisi de ne jamais nommer les actes, ni les responsables. Le seul récit explicite est porté par la voix du « soldat » qui n’apparaîtra jamais sur scène, et toutes les scènes de violence représentées sont transposées et racontées par les corps des protagonistes. 

 

Nous avons commencé notre recherche en construisant un questionnaire que nous avons soumis à des personnes de tout âge (de 6 à 92 ans). Les questions visaient à recueillir des avis autour de la notion de la guerre, de la vengeance, du pardon et des impressions de tout type autour de la Colombie. 

 

En parallèle, nous avons lu des témoignages qui nous ont inspiré.e.s, notamment celui de Pastora Mira, victime du conflit colombien depuis sa naissance en 1957. 

La lecture du livre Les armées de Evelio Rosero a été également déterminante pour nous rapprocher d’une réalité si lointaine. 

 

Nous avons par la suite commencé à écrire à partir d’improvisations sur le plateau, puis le texte a été retravaillé par Juanita Boada Salazar, la metteuse en scène. 

Dès le début de notre création, le son nous a servi de partenaire, il nous a accompagné pendant les improvisations comme un élément provocateur de réactions. Nous pensons la musique comme une alliée, un personnage, un élément déclencheur des émotions et des souvenirs. C’est pour cela que la présence du musicien n’est pas seulement sonore mais aussi physique : il a sa place sur le plateau.

Il s’agit surtout de créer des univers sonores à travers plusieurs instruments et pour cela nous avons fait un travail de dé-composition musicale pour arriver à des morceaux plutôt contemporains et bruitistes. 

 

Quant à la création sonore, Emanuele Pontecorvo - sound designer, a composé des structures sonores qui nous situent dans un espace géographique : la côte caribéenne colombienne. Ces structures sonores ont également le rôle de faire vivre l’espace extérieur qui entoure la maison. Les différents paysages sonores accompagnent le public dans un voyage émotionnel en mettant des accents sur les scènes plus difficiles et violentes. Tout cela se fait grâce à un traitement du son qui circule entre la scène et la salle.

Les deux personnages féminins se complètent et se contrastent tout au long de la pièce. 

Nous nous sommes beaucoup questionné.e.s sur la façon dont nous voulions raconter cette histoire en cherchant un équilibre entre la cruauté de la guerre et la joie de vivre qui persiste. Pour ce faire, nous nous sommes concentré.e.s sur la construction des corps de chacune des interprètes, les éléments psychologiques et physiques qui constituent leurs personnages, les grands sentiments (la peur, la colère, le désespoir, l’angoisse), et la transposition physique de certains événements. 

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